Édition du mercredi 5 décembre 2018
Des annonces gouvernementales qui, pour l'instant, ne convainquent pas
Le recul du gouvernement sur la taxation du carburant (lire article ci-dessus) n’a pour l’instant eu aucun effet sur le mouvement des gilets jaunes. Les blocages se poursuivent, voire s’intensifient dans certaines régions, et les appels à manifester samedi sont maintenus. Côté formations politiques et associations d’élus, beaucoup estiment que ces annonces sont « trop peu » et interviennent « trop tard ».
Les gilets jaunes pas convaincus
En l’absence de porte-paroles officiels – et surtout reconnus – de la contestation, il n’est pas aussi simple que dans un mouvement social classique de juger des effets des annonces gouvernementales. En revanche, un témoin imparable est, tout simplement, le maintien des barrages un peu partout dans le pays. Tous les acteurs de ces barrages, interrogés par la presse toute la journée d’hier, sont unanimes : « mesurettes », « trop tard », « suspension ne veut pas dire annulation », « c’est reculer pour mieux sauter dans six mois », sont les mots les plus fréquemment entendus. Et surtout – plus inquiétant encore pour le gouvernement – de très nombreux gilets jaunes s’expriment, dans les médias ou sur les réseaux sociaux, pour dire qu’ils attendent à présent des mesures fortes sur le pouvoir d’achat – les revendications d’une hausse massive des salaires et des pensions revenant très fréquemment, ainsi que la suppression de la hausse de la CSG pour les retraités. Autre revendication entendue de plus en plus souvent sur les barrages : le rétablissement de l’ISF.
Les blocages continuent donc. Parmi les actions recensées ce matin, plusieurs centaines de ronds-points occupés, des autoroutes coupées notamment dans le Puy-de-Dôme et en Dordogne, des dépôts pétroliers bloqués dans la Sarthe et dans l’Aude (ceux de Brest et de Lorient ont en revanche été libérés par les manifestants). Des manifestants en gilets jaunes ont également bloqué ce matin les accès à l’usine Nokia de Lannion.
D'autres dossiers sont surveillés de près par le gouvernement : la contestation qui démarre dans les lycées – plus de 200 ont été bloqués hier, avec parfois des confrontations violentes avec les forces de l’ordre ; la grève annoncée, à partir de lundi prochain, des chauffeurs routiers ; et le mouvement des agriculteurs lancé à l'appel de la FNSEA, pour « la semaine prochaine ».
Le gouvernement chahuté à l’Assemblée nationale
La séance de questions au gouvernement, qui tenue dans la foulée des annonces d’Édouard Philippe, a été particulièrement houleuse. De la gauche à la droite, tous les députés qui ont questionné le gouvernement, à l’exception de ceux de la République en marche et du Modem, ont estimé avec plus ou moins de véhémence que les annonces du gouvernement étaient insuffisantes et qu’elles arrivaient trop tard. « Pensez-vous vraiment que c’est avec le simple report des taxes et un moratoire sur le nouveau contrôle technique que vous allez rétablir l’ordre républicain et la justice sociale dans notre pays ? », a demandé Damien Abad pour le groupe LR. « Vos annonces sont du bricolage et de l’enfumage ! », s’est exclamée Caroline Fiat (LFI), tout comme le socialiste Alain David qui a dénoncé des « mesurettes » quand les Français « demandent une augmentation significative de leur pouvoir d’achat ». Plusieurs députés ont également exprimé leur inquiétude face aux manifestations prévues samedi et aux questions de maintien de l’ordre.
Les associations d’élus également dubitatives
Côté élus locaux, enfin, l’enthousiasme n’est pas non plus de mise. Les présidents des trois associations nationales d’élus, François Baroin, Hervé Morin et Dominique Bussereau, ont publié hier une tribune dans laquelle ils appellent à des mesures qui vont très au-delà de ce que le gouvernement a annoncé hier (lire article ci-dessous).
André Laignel, n° 2 de l’AMF, a publié hier soir un communiqué où il estime que « la réponse (du gouvernement) n’est pas au niveau ». « Le gouvernement réagit bien tard et trop peu. Rien pour corriger l’impact des mesures passées, rien pour améliorer le présent. ». Le maire d’Issoudun appelle à « revoir ses méthodes, ses moyens et ses objectifs » et dénonce « ce qui a été ressenti par les citoyens comme par les élus locaux » comme « du dédain ». « Depuis 18 mois, conclut André Laignel, en ce qui concerne les maires de France, nous avons souvent été écoutés mais nous n’avons jamais été entendus. Ou ce sont des négociations qui s’ouvrent, et elles sont alors les bienvenues, ou se sont simplement des concertations et nous savons malheureusement ce qu’il en advient. »
Philippe Laurent, secrétaire général de l’AMF, a remarqué hier au passage sur Twitter que ce mouvement « démontre l’utilité des corps intermédiaires ».
D’autres associations ont exprimé le même sentiment, notamment l’APVF (petites villes) qui, si elle a souligné dans un communiqué le « premier pas » que représentent les annonces gouvernementales, appelle à « un plan ambitieux de lutte contre les fractures territoriales ». « Nous payons les conséquences d'une métropolisation mal maîtrisée et d'une politique visant à mettre en concurrence les territoires », écrit l’APVF, qui propose de chercher des solutions du côté du renforcement de la péréquation financière, d’un droit « effectif » à la mobilité ou encore la lutte contre la désertification médicale. L’APVF demande que le débat national qui va débuter le 15 décembre soit « décliné localement dans chaque commune de France ». L’association Villes de France a également communiqué, demandant que « le débat national ne soit pas une simple consultation » mais plutôt « un véritable Grenelle du pouvoir d’achat et de la transition écologique ».
Un peu dans le même sens, l’AMRF (maires ruraux) a lancé hier une opération « Mairies ouvertes » : elle invite les maires ruraux qui le souhaitent à ouvrir les mairies samedi prochain, 8 décembre, pour « recueillir les doléances et propositions des citoyens ruraux ». L’AMRF s’engage à faire des synthèses de ces demandes, département par département, et à les transmettre au gouvernement et au Parlement.
Les gilets jaunes pas convaincus
En l’absence de porte-paroles officiels – et surtout reconnus – de la contestation, il n’est pas aussi simple que dans un mouvement social classique de juger des effets des annonces gouvernementales. En revanche, un témoin imparable est, tout simplement, le maintien des barrages un peu partout dans le pays. Tous les acteurs de ces barrages, interrogés par la presse toute la journée d’hier, sont unanimes : « mesurettes », « trop tard », « suspension ne veut pas dire annulation », « c’est reculer pour mieux sauter dans six mois », sont les mots les plus fréquemment entendus. Et surtout – plus inquiétant encore pour le gouvernement – de très nombreux gilets jaunes s’expriment, dans les médias ou sur les réseaux sociaux, pour dire qu’ils attendent à présent des mesures fortes sur le pouvoir d’achat – les revendications d’une hausse massive des salaires et des pensions revenant très fréquemment, ainsi que la suppression de la hausse de la CSG pour les retraités. Autre revendication entendue de plus en plus souvent sur les barrages : le rétablissement de l’ISF.
Les blocages continuent donc. Parmi les actions recensées ce matin, plusieurs centaines de ronds-points occupés, des autoroutes coupées notamment dans le Puy-de-Dôme et en Dordogne, des dépôts pétroliers bloqués dans la Sarthe et dans l’Aude (ceux de Brest et de Lorient ont en revanche été libérés par les manifestants). Des manifestants en gilets jaunes ont également bloqué ce matin les accès à l’usine Nokia de Lannion.
D'autres dossiers sont surveillés de près par le gouvernement : la contestation qui démarre dans les lycées – plus de 200 ont été bloqués hier, avec parfois des confrontations violentes avec les forces de l’ordre ; la grève annoncée, à partir de lundi prochain, des chauffeurs routiers ; et le mouvement des agriculteurs lancé à l'appel de la FNSEA, pour « la semaine prochaine ».
Le gouvernement chahuté à l’Assemblée nationale
La séance de questions au gouvernement, qui tenue dans la foulée des annonces d’Édouard Philippe, a été particulièrement houleuse. De la gauche à la droite, tous les députés qui ont questionné le gouvernement, à l’exception de ceux de la République en marche et du Modem, ont estimé avec plus ou moins de véhémence que les annonces du gouvernement étaient insuffisantes et qu’elles arrivaient trop tard. « Pensez-vous vraiment que c’est avec le simple report des taxes et un moratoire sur le nouveau contrôle technique que vous allez rétablir l’ordre républicain et la justice sociale dans notre pays ? », a demandé Damien Abad pour le groupe LR. « Vos annonces sont du bricolage et de l’enfumage ! », s’est exclamée Caroline Fiat (LFI), tout comme le socialiste Alain David qui a dénoncé des « mesurettes » quand les Français « demandent une augmentation significative de leur pouvoir d’achat ». Plusieurs députés ont également exprimé leur inquiétude face aux manifestations prévues samedi et aux questions de maintien de l’ordre.
Les associations d’élus également dubitatives
Côté élus locaux, enfin, l’enthousiasme n’est pas non plus de mise. Les présidents des trois associations nationales d’élus, François Baroin, Hervé Morin et Dominique Bussereau, ont publié hier une tribune dans laquelle ils appellent à des mesures qui vont très au-delà de ce que le gouvernement a annoncé hier (lire article ci-dessous).
André Laignel, n° 2 de l’AMF, a publié hier soir un communiqué où il estime que « la réponse (du gouvernement) n’est pas au niveau ». « Le gouvernement réagit bien tard et trop peu. Rien pour corriger l’impact des mesures passées, rien pour améliorer le présent. ». Le maire d’Issoudun appelle à « revoir ses méthodes, ses moyens et ses objectifs » et dénonce « ce qui a été ressenti par les citoyens comme par les élus locaux » comme « du dédain ». « Depuis 18 mois, conclut André Laignel, en ce qui concerne les maires de France, nous avons souvent été écoutés mais nous n’avons jamais été entendus. Ou ce sont des négociations qui s’ouvrent, et elles sont alors les bienvenues, ou se sont simplement des concertations et nous savons malheureusement ce qu’il en advient. »
Philippe Laurent, secrétaire général de l’AMF, a remarqué hier au passage sur Twitter que ce mouvement « démontre l’utilité des corps intermédiaires ».
D’autres associations ont exprimé le même sentiment, notamment l’APVF (petites villes) qui, si elle a souligné dans un communiqué le « premier pas » que représentent les annonces gouvernementales, appelle à « un plan ambitieux de lutte contre les fractures territoriales ». « Nous payons les conséquences d'une métropolisation mal maîtrisée et d'une politique visant à mettre en concurrence les territoires », écrit l’APVF, qui propose de chercher des solutions du côté du renforcement de la péréquation financière, d’un droit « effectif » à la mobilité ou encore la lutte contre la désertification médicale. L’APVF demande que le débat national qui va débuter le 15 décembre soit « décliné localement dans chaque commune de France ». L’association Villes de France a également communiqué, demandant que « le débat national ne soit pas une simple consultation » mais plutôt « un véritable Grenelle du pouvoir d’achat et de la transition écologique ».
Un peu dans le même sens, l’AMRF (maires ruraux) a lancé hier une opération « Mairies ouvertes » : elle invite les maires ruraux qui le souhaitent à ouvrir les mairies samedi prochain, 8 décembre, pour « recueillir les doléances et propositions des citoyens ruraux ». L’AMRF s’engage à faire des synthèses de ces demandes, département par département, et à les transmettre au gouvernement et au Parlement.
Cette initiative, à l'heure où nous publions, vient juste d'être rejointe par l'APVF.
F.L.
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